Quels sont les effets du chlordécone sur la santé ?

Publié le par Gilles Grosjean

Dès 1977, la toxicité aiguë (qui désigne les effets nocifs résultant de l'exposition à une seule forte dose d'un produit ou d'une seule exposition à celui-ci) du chlordécone est connue des chercheurs américains en raison des effets constatés sur les ouvriers de l'usine de fabrication de chlordécone située à Hopewell en Virginie. Des troubles neurologiques de type convulsions ont été signalés pour une concentration sanguine en chlordécone supérieure à 2mg/L. Des effets hépatotoxiques ont aussi été mis en évidence. De l'oligospermie (présence de spermatozoïdes en faible quantité) et une hypomobilité des spermatozoïdes ont été signalées chez des travailleurs fortement exposés (travailleurs agricoles).
 
En revanche, la toxicité à long terme (dite aussi toxicité chronique) de la chlordécone est mal connue. Comme le souligne le rapport d'enquête d'avril 2005, la plupart des connaissances actuelles sur ce sujet résultent d'expérimentations sur les animaux, essentiellement les petits rongeurs (comme c'est le cas d'ailleurs encore aujourd'hui pour bon nombre de substances chimiques).

La fiche tocico ecotoxico chimique de la chlordécone éditée par l'association toxicologie - CNAM, indique notamment : 

Toxicité expérimentale à moyen et long terme : " à moyen terme, chez le rat ou la souris, la chlordécone dans la nourriture (50 ppm) conduit à une diminution du poids avec atteintes hépatiques. Chez le rat ou la souris par voie orale (de 15 à 80 ppm) dans les essais à long terme (2 ans), en plus des troubles neurologiques et dermiques, on observe une augmentation des hépatocarcinomes (cancer du foie). Au niveau de la reproduction chez les males, on observe une baisse du taux des spermatozoïdes et une atrophie testiculaire".

Après la mise en évidence de cas de cancer du foie chez le rat suite à une exposition prolongée à de faibles doses de chlordécone le DHHS (Department of Health and Human Services, équivalent du ministère de la santé américain), a classé dès 1980 cette substance comme potentiellement cancérogène pour l'homme.  En 1987, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) en fait de même.

Enfin, le document "Toxicological profil for Mirex and Chloredecone" du DHHS américain apporte à la page 79 une information qui contredit les rapports français indiquant qu'il n'existe aucune DJA au niveau mondial pour cette substance (DJA = dose journalière admissible, dose qu'une personne peut ingérer tous les jours de sa vie sans RISQUE APPRECIABLE POUR LA SANTE). En effet, il est clairement indiqué que la MRL (maximum residue limit, équivalent de la DJA ) a été fixée à 0,5 µg/kg/j. Ce qui signifie qu'une personne de 60kg peut ingérer au maximum : 0,5 x 60 = 30 µg par jour de chloredécone. De son côté, l'AFSSA établit des limites maximales de contamination en chlordécone dans les principaux aliments vecteurs (LM). Cette limite indique la quantité maximale de chlordécone qu'un produit ne doit pas dépasser. Fixée en 2005 à 50µg/kg pour les dachines, ignames, patates douces, carottes, melons, concombres, tomates et viandes de volailles,  elle vient d'être ramenée à 25µg/kg. Pour une personne de 60 kg, la limite maximale américaine correspond à 30 µg de chlordécone, soit environ 1 kg de légumes précédemment cités.

Publié dans Effets sur la santé

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